De son étymologie latine « educere » (guider, conduire hors), l’éducation se définie comme l’action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs morales, physiques, intellectuelles, scientifiques, sociales…, considérées comme essentielles pour atteindre un niveau de culture souhaitée. Bien plus, l’éducation permet de transmettre la culture nécessaire au développement de la personnalité et à l’intégration sociale de l’individu, et ce, d’une génération à l’autre. Vue sous cet angle, on ne saurait nier le rôle que joue l’éducation dans la société, surtout en tant qu’elle favorise l’épanouissement humain, le vivre ensemble et la promotion des valeurs telles que la justice et la paix. C’est à cette dernière valeur que nous voudrions nous intéresser. D’où le titre de notre article : « L’éducation à la paix en milieu scolaire : une urgence pour notre société au bord du péril ». En d’autres termes, l’éducation à la paix ne se fait-elle pas de plus en plus urgente en milieu scolaire, dans un monde qui se meurt à grande vitesse des valeurs de fraternité et d’humanité ? Eduquer les enfants et les jeunes n’est-il pas devenu de nos jours, et plus que jamais, un impératif catégorique, si nous voulons sauver les générations futures de l’emprise des vices pernicieux ? Nous entendons bâtir notre réflexion à partir de ces quelques interrogations. Mais avant d’y tenter des réponses, nous voudrions d’entrée de jeu jeter un regard sur les différentes connotations de la paix.

            On ne le dira jamais assez, l’éducation tend à promouvoir les valeurs sociétales. Elle a un contenu divergeant, selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre. C’est alors que pour  le nourrisson, la paix, c’est l’affection, la sécurité ; chez l’enfant, c’est la joie, la découverte ; chez l’adolescent, la paix se traduit par la confiance, l’entente ; chez l’adulte, la paix se situe dans un emploi stable, soit alors au foyer… ; chez les personnes âgées, elle devient un sentiment affectif, un sentiment de sécurité. Avec ces différents sens attribués à la notion de paix, on note qu’elles illustrent plus une dimension de la paix intérieure que celle extérieure.  Quant à la paix extérieure, elle n’est vue autrement que comme un rapport d’altérité. Elle est donc aussi polysémique, c’est l’entente, la sécurité, l’harmonie avec la nature, c’est le respect des droits de l’homme (justice, égalité, dignité etc…).

Désastreusement aujourd’hui, la paix est menacée sans précédent. De nos jours, les conflits et les tensions sont devenus le pain quotidien des hommes. Il ne se passe plus un jour sans apprendre soit un attentat à la voiture piégée ci et là soit un kamikaze qui a explosé en pleine métropole. Nos villes voire nos campagnes sont décimées à cause justement des guerres civiles et tribales, qui ne donnent plus à l’homme aucune chance de croire au lendemain. Que ne voyons-nous pas à travers la télévision ou n’entendons-nous pas à travers la radio ! Le monde se meurt à cause de la haine de l’homme, à cause de l’absence de la paix entre les hommes. On a alors l’impression que monde promeut plutôt la culture de la mort ; mieux, la culture de la violence, où l’unique alternative semble être la prise des armes pour régler les différends.

Face à cette triste réalité, nous préconisons le retour à la culture de la paix dans nos milieux scolaires, afin de préserver du danger de la tradition de la déshumanisation les générations futures de notre société. Pour ce faire, il importe que nous revisitions le rôle de l’école. Pour le sociologue Emile Durkheim, parmi les nombreux rôles que joue l’école figure en bonne place celui : d’enseigner la morale, qui consiste à un ensemble de règles définies qui déterminent la conduite de l’individu de manière impérative. L’éducation à la paix apparaît donc comme une nécessité. C’est un ensemble de connaissances, des valeurs, d’attitudes et d’aptitudes permettant de vivre en harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la nature.

L’éducation à la paix a pour but de développer le sens des valeurs universelles et les types de comportements qui s’inspirent et fondent la paix. Plus simplement, nous dirons qu’elle a pour objectif d’amener les enfants et les jeunes à se connaître d’abord, à s’apprécier, à comprendre et à envisager avec sympathie les notions de justice, d’égalité, de liberté, de tolérance, de démocratie et de leur donner envie d’œuvrer pour un monde plus humain, plus solidaire. A ce titre elle doit développer des capacités pour apprécier les valeurs universelles que véhiculent les droits de l’homme (liberté, justice, égalité, tolérance etc…).

Pour une meilleure éducation à la paix le milieu scolaire, l’école doit développer les capacités suivantes :

  • Reconnaître et accepter les valeurs requises pour la vie en commun et apprécier les autres cultures.
  • Développer les capacités de communication, de dialogue (élèves et enseignants), de partage, de coopération, de travail en groupe, ceci dans l’optique d’éviter les idéologies tribalistes.
  • Développer des capacités à mettre en œuvre l’esprit critique, à s’ouvrir au changement, à modifier son jugement afin d’adhérer à une fin commune.
  • Participer à l’élaboration des règles de vie et à les respecter à l’école.
  • De comprendre la nature des conflits, les causes et les conséquences de la violence et de les résoudre de façon constructive.

Ainsi faisant, le milieu scolaire serait le lieu le plus approprié voire le plus important pour une éducation à la paix, en vue de préparer les générations futures, en tant qu’elles sont le fer de lance de la société.

Frère Kenfack Christian Sch.P